La poésie de Giorgio Caproni (1912-1990)
Un « écrivain en vers » : c’est ainsi que se définissait Giorgio Caproni,
afin d’éviter le terme de poète, trop grandiloquent à ses yeux. En
dépit de l’amitié qu’il avait nouée avec les plus grands écrivains du
xxe siècle – de Pier Paolo Pasolini à Carlo Betocchi, de Giuseppe
Ungaretti à Alfonso Gatto ou Attilio Bertolucci –, il donna souvent
l’impression de vivre en marge des milieux et des modes littéraires
de son temps. Une position autonome, si ce n’est à contre-courant,
qui marque de son sceau une oeuvre dont l’importance n’est plus à
démontrer.
C’est le portrait d’un « musicien en vers » que dresse Iris Chionne,
tout en ronde-bosse, où s’entrecroise la double passion de Caproni
pour la poésie et pour la musique. En effet, ce n’est qu’après avoir
abandonné l’idée d’embrasser la carrière de violoniste que Giorgio
Caproni se consacra pleinement à l’écriture poétique. Son goût
prononcé pour la musique ne cessa pourtant de resurgir à travers
les mailles de vers qui auraient voulu être écrits sur une portée et
à propos desquels l’auteur dit qu’ils n’étaient « rien d’autre qu’un
thème avec variations ».